Comment décoder leur composition pour mieux les choisir ?
Pour consommer plus responsable, vérifier la composition des vêtements qu’on achète est une étape essentielle. Encore faut-il pouvoir décrypter les étiquettes et comprendre ce qui se cache derrière chaque matière !
On s’intéresse ici aux caractéristiques des fibres textiles les plus couramment utilisées, pour vous aider à faire des choix éclairés.
Pourquoi c’est important de regarder la composition de ses vêtements ?
Le bilan environnemental et social d’un vêtement s’appréhende tout au long de son cycle de vie. Mais en faisant une moyenne des études de référence publiées par Quantis et McKinsey[1], on peut estimer que la matière première est responsable d’un gros quart (26,4%) de son impact total.
Et le bilan total peut grandement varier selon la matière première utilisée pour le confectionner.
Fibres naturelles ou chimiques ?
L'étiquette de composition, obligatoire en France et dans l’UE, liste les fibres textiles qui composent votre vêtement en pourcentage et par ordre décroissant.
On distingue deux grands types de fibres textiles, les naturelles et les chimiques, avec leurs sous-catégories respectives.
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Fibres naturelles :
- Les fibres végétales sont issues des plantes - leurs graines, leurs tiges, leurs feuilles ou leurs fruits. Le coton, le lin ou le chanvre font partie de cette famille.
- Les fibres animales sont fabriquées principalement à partir de poils ou de sécrétion animale. La laine et la soie entrent dans cette catégorie.
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Fibres chimiques :
- Les fibres synthétiques sont fabriquées majoritairement à partir d’hydrocarbures via une succession de transformations chimiques.
- Parmi les plus courantes figurent le polyester, l’acrylique, le polyamide ou l’élasthanne.
- Les fibres artificielles sont obtenues par transformation chimique d’un élément naturel, comme la cellulose du bois. On peut citer en exemple la viscose, le cupro ou le lyocell.
Aujourd’hui, les matières les plus utilisées pour fabriquer nos vêtements sont, de loin, les fibres synthétiques, avec plus de 2 vêtements sur 3. Le polyester en particulier représente à lui seul 55% des fibres textiles produites[2].
Les fibres végétales constituent 27% du marché, avec une prédominance écrasante du coton.
En queue de peloton : les fibres recyclées, à hauteur de 6%, et les fibres animales, à 1%, avec une prédominance de la laine.
On vous propose un petit tour d’horizon des fibres les plus courantes.
Les différentes matières textiles
Le polyester - fibre chimique, synthétique
Inventé en 1941, le polyester est la fibre textile la plus produite aujourd’hui dans le monde.
Il doit son ascension record à des avantages incontestables : résistant à l’abrasion et extensible, il vieillit bien, ne se froisse pas, permet d’obtenir des tissus légers et respirants, sèche rapidement et ne rétrécit pas.
Il existe pourtant de bonnes raisons de l’éviter au maximum dans nos vêtements : il est issu, comme la grande majorité des fibres synthétiques, des hydrocarbures. Le pétrole étant une ressource fossile limitée, le polyester n’est de fait pas une option textile durable. Et, problème majeur, il relâche à chaque lavage des microparticules plastiques qui finissent dans les océans, où elles détruisent les écosystèmes marins. 500 000 tonnes de microparticules plastiques sont ainsi relâchées dans les océans chaque année dans le monde, l’équivalent de plus de 50 milliards de bouteilles plastique[3].
Pour certains types de vêtements techniques comme les maillots de bain, les collants ou les vêtements de sport, il peut être difficile de se passer des fibres synthétiques. On les choisit alors recyclées !
Le coton - fibre naturelle, végétale
Représentant plus d’un quart des fibres produites dans le monde, le coton est la star des matières végétales. Pourtant, il est loin d’être écologiquement irréprochable : sa culture nécessite énormément d’eau (pour produire un T-shirt en coton il faut l’équivalent de 70 douches) et un cocktail détonnant d’engrais et de pesticides (c’est la principale culture consommatrice de pesticides au monde3 !). Par ailleurs, les conditions de travail des ouvriers.ères de la filière, de la culture à la confection, posent souvent question.
Alors, que faire ? On privilégie le coton biologique qui, bien que consommant autant d’eau que le coton conventionnel, est plus respectueux de l’environnement puisque la certification interdit l’utilisation d’intrants chimiques et les OGM.
Au passage, on prête attention au pourcentage de fibres bio dans la composition totale, qui peut être très variable d’un produit à un autre. Seuls les labels adaptés (au premier rang desquels GOTS ou Organic Content Standard) garantissent un minimum de 70% de fibres bio dans nos vêtements.
Pour s’assurer du respect des travailleurs.euses, là encore, on privilégie les vêtements portant un label adapté (Fair Wear Foundation, World Fair Trade Organization, Fair for Life notamment) et on s’informe auprès des marques sur la chaîne de fabrication.
On le répète, GOTS est un label hyper intéressant car il couvre à la fois les aspects environnementaux et sociaux.
La laine - fibre naturelle, animale
Les propriétés de la laine sont très appréciées par l'industrie textile : souple et élastique, elle tient chaud, est anti-bactérienne et biodégradable. Les vêtements en laine ont une durée de vie longue, même s’ils peuvent feutrer ou être attaqués par les mites.
Elle peut néanmoins poser question, en raison de son origine animale : impact environnemental de l'élevage via les émissions de CO2 et les intrants chimiques, impact social, et bien-être animal, en lien avec des conditions d’élevage difficiles et des pratiques décriées, comme le mulesing[4].
On privilégie sa version biologique certifiée par le label GOTS, qui garantit le respect de standards élevés d'éco-responsabilité et de bien-être animal. Le label Responsible Wool standard atteste, quant à lui, d’une traçabilité tout au long de la production, d’une bonne gestion des terres, du respect animal et d’une communication transparente.
De plus en plus de marques incluent sur leur site web des infos sur les conditions de production de leurs produits, et on n’hésite pas à poser la question en boutique !
Il existe nombre d’autres fibres naturelles animales, comme l’alpaga (poils de lama), le mohair (poils des chèvres angoras), le cachemire (poils des chèvres cachemire) ou la soie (cocon des papillons bombyx). Tout comme la laine, elles sont à choisir labellisées pour assurer le respect des animaux, de la terre qui les nourrit et des travailleurs.ses de la filière, idéalement biologiques ou recyclées.
Le lin et le chanvre - fibres naturelles, végétales
Ces fibres naturelles végétales présentent des avantages hyper intéressants : leur culture est beaucoup moins gourmande en eau, en engrais et pesticides que celle du coton, ils se prêtent bien à une agriculture bio et peuvent être cultivés localement (la France est d’ailleurs le premier producteur mondial de lin et de chanvre !). Bonus, leur culture permet même aux sols de se régénérer.
Pour le lin, les étapes de transformation sont mécaniques, non chimiques, et ne requièrent que très peu d’eau. Pour le chanvre, le processus qui permet d’assouplir les fibres nécessite l’utilisation de produits chimiques mais ceux-ci ne sont pas nocifs pour les ouvriers.ères qui les manipulent et ne polluent pas.
Naturelles, durables et locales, ces deux fibres sont de super alternatives au coton, elles permettent d’obtenir des vêtements résistants donc durables, fluides et thermorégulateurs. De plus en plus de marques engagées se tournent d’ailleurs vers ces matières vertueuses.
On privilégie les productions locales (fabriquées en Europe voire en France) afin de réduire l’empreinte carbone liée au transport. Et, pour le lin, on peut se référer à des repères de qualité, tels que les labels EUROPEAN FLAX® ou MASTERS OF LINEN®.
La viscose et le lyocell - fibres chimiques, artificielles
La viscose, fine, douce et robuste, est omniprésente dans l’industrie textile en raison de son faible coût. Mais elle pose souvent question : issue d’une source renouvelable, la cellulose végétale, elle peut être perçue par erreur comme une matière naturelle. Or, son processus de transformation nécessite l’utilisation de substances chimiques très nocives, dangereuses pour les travailleurs.ses de la filière et pour nos écosystèmes, ce qui en fait une matière peu recommandable.
Le lyocell (ou tencel, marque déposée), fibre issue du broyage de bois d’eucalyptus, est résistant, doux et facile d’entretien. A la différence du viscose, son processus de transformation chimique est peu impactant : le solvant utilisé est naturel et non-toxique, l’eau et le solvant sont recyclés en boucle fermée à 99%. Vertueux ? A condition de s’assurer quand même que les bois utilisés proviennent de plantations durables, par exemple grâce au label FSC.
Les matières recyclées
En misant sur la réutilisation de matières existantes, le recyclage affiche un bilan environnemental et social moins élevé que la production de fibres neuves. Privilégier les matières recyclées peut donc être une option intéressante.
En étant conscient que le recyclage textile est encore loin d’être une solution écologiquement neutre et généralisable, on vous en parlait ici.
Bémol pour les fibres synthétiques recyclées, comme le polyester recyclé : on garde en tête qu’elles continuent, même recyclées, à émettre des microparticules plastique lors de chaque lavage.
Difficile d’avoir en tête tous ces éléments au moment d'acheter un vêtement ?
On retient une règle : miser sur les matières naturelles renouvelables, comme le coton, la laine ou le lin, idéalement dans leur version biologique ou recyclée. Et privilégier les vêtements labellisés, qui garantissent le respect des normes environnementales et/ou sociales.
Pour disposer des bonnes infos, on cultive un réflexe salvateur avant d’acheter un vêtement : lire les étiquettes ! L’étiquette intérieure, pour connaître la composition détaillée de la pièce et l’étiquette de vente, qui mentionne généralement les labels.
Les marques labellisées communiquent souvent largement sur le sujet. Mais quand l'information ne saute pas aux yeux, on n’hésite pas à se renseigner directement auprès des marques : leurs éventuelles certifications sont généralement listées sur leur site web et elles sont de plus en plus nombreuses à jouer la transparence en détaillant leur chaîne de production.
Aujourd’hui, de plus en plus de jeunes marques engagées mettent ces critères au cœur-même de leur modèle, pour nous proposer de belles pièces conçues de manière responsable, dans des matières durables.
Et, pour éviter la barrière du prix (le beau durable et responsable a un coût), la seconde main peut permettre de s’offrir à un prix accessible des vêtements à la composition plus vertueuse.
Pour explorer chaque fibre, on vous recommande chaudement de consulter le super lexique des matières concocté par The Good Goods.
Retrouvez notre sélection d'articles sur la mode écoresponsable sur paradigme.fr.
[1] Lire l’excellent article de Loom Du Charbon dans le coton - pourquoi la mode doit réduire sa production qui a croisé ces 2 études.
[2] Etude Mistra future fashion
[3] Infographie ADEME : https://multimedia.ademe.fr/infographies/infographie-mode-qqf/
[4] Plus d’infos sur le sujet dans l’ire article de The Good Goods Le problème du mulesing dans la laine