Recycler ses vêtements d'occasion
Pour lutter contre l’emballement de la production et de la consommation de mode, le recyclage est devenu un geste incontournable. Pour autant, il ne peut constituer à lui seul la solution car il se heurte à de nombreuses limites techniques, écologiques et d’usage.
Décryptage.
Un tiers des textiles collectés en France est recyclé et va connaître une seconde vie sous la forme de nouvelles matières.
Pourtant, seule une infime partie (moins de 1% !) de vos anciens vêtements entrera à terme dans la composition d’un nouveau vêtement. Et après un cycle de transformation qui peut lui-même s’avérer polluant.
On vous explique tout !
Un tiers des pièces collectées est recyclé
En France aujourd'hui[1] près de 205 000 tonnes de pièces textiles sont collectées par an, soit un peu plus de 3 kg/ habitant. Rapporté aux presque 520 000 tonnes de pièces mises sur le marché par an, le chiffre donne un peu le vertige : chaque année, on donne 40% des articles que l’on achète !
La grande majorité (90%) est déposée dans des bornes , les 10% restants sont donnés directement à des associations.
Donner un vêtement est évidemment plus responsable que le jeter à la poubelle : on lui donne la chance de connaître une seconde vie et on évite de faire gonfler le volume des ordures ménagères donc leur coût de traitement.
Mais est-ce pour autant idéal ?
Intéressons-nous à ce que deviennent ces vêtements collectés :
- Près de 60% sont réutilisés tels quels, revendus ou donnés à nouveau, ce qui soulève d’autres questions (on parle des vêtements usagés envoyés massivement vers l’Afrique dans un autre article à retrouver ici).
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Un tiers sont recyclés : après effilochage, coupe, défibrage ou broyage, ils vont devenir des chiffons industriels, être transformés en matériaux de rembourrage, entrer dans la composition de matières composites et autres matériaux de construction…. ou redevenir de la fibre textile.
Le chiffre à retenir ? Moins de 1% des textiles usagés sont recyclés en nouveaux vêtements[2], c’est bien peu ! - 10% sont “valorisés” en sources d’énergie ou sont purement et simplement éliminés. Mais au final, seuls 0,4% des textiles collectés sont incinérés sans récupération d’énergie ou enfouis, ce qui est plutôt positif !
C’est sur le tiers de vêtements collectés qui part en recyclage, c’est-à-dire retraités et transformés en une nouvelle matière, que nous nous focalisons ici.
La deuxième vie des textiles et chaussures[3]
Les limites du recyclage textile
Après recyclage, on obtient des fibres courtes et de moindre qualité, impossible à utiliser seules pour la fabrication de nouveaux vêtements : afin d’arriver aux standards qualitatifs du marché, les fibres recyclées doivent être combinées à des fibres vierges.
Aujourd’hui, le recyclage “à l’infini” en boucle fermée est une utopie au vu des volumes de l’industrie textile et de la nature des articles produits : on ne peut se passer d’apport de matières vierges pour compenser la dégradation et les pertes de matières au cours du processus de recyclage.
Par ailleurs, certains choix faits par les industriels au moment de la fabrication des vêtements rendent le recyclage difficile voire parfois impossible :
- La composition du textile > les fibres multimatières sont beaucoup plus difficiles à recycler que les fibres d’une seule matière (ex : 100 % coton) car les matières qui composent ces mélanges n’ont pas toutes les mêmes propriétés.
Or aujourd’hui, la majorité des vêtements produits sont composés de mélanges (coton-polyester, nylon-laine, etc…) que peu d’entreprises sont donc à même de recycler. - Les choix de confection et d’ornements > boutons, fermetures éclair et autres incrustations de strass doivent être retirés pour que le textile devienne recyclable.
En outre, le recyclage n’est pas écologiquement neutre. Collecte, transport, transformation... le processus n’est pas exempt d’impact environnemental : il consomme des ressources énergétiques et naturelles (notamment de grandes quantités d’eau…).
Il peut même s’avérer polluant, émetteur de CO2 voire de substances nocives.
Enfin, il peut malheureusement avoir un effet psychologique contre-productif, en nous laissant imaginer que nous pouvons retarder l’évolution de nos comportements de consommation et en nous épargnant des choix de société pourtant prioritaires.
Alors, concrètement, que faire avec le recyclage ?
On voit que le recyclage textile est bien loin d’être une solution idéale, généralisable, facile à mettre en œuvre et écologiquement vertueuse.
L’idée n’est certainement pas de le condamner en bloc : dès lors qu’un vêtement a eu une utilité et une longue vie, il est éminemment vertueux de le recycler !
Il s’agit simplement d’avoir conscience de ses limites.
La solution la plus responsable reste de chercher à le combiner avec d’autres options à moindre impact, en gardant en ligne de mire le vrai problème de fond : la surconsommation et la surproduction d’articles de mode.
On peut notamment s'inspirer de la règle des 5R pour explorer des pistes responsables complémentaires :
- Refuse (Refuser)
- Reduce (Réduire)
- Reuse (Réparer et Réutiliser)
- Repurpose (Transformer)
- Recycle (Recycler)
Si vous avez besoin d’un petit coup de pouce, on vous rappelle ici pourquoi vous allez adorer chiner des pièces d’occasion
[1] Site Re-fashion : https://refashion.fr/citoyen/fr/je-suis-refashion
[2] Etude de la Ellen Macarthur Foundation : “A New Textiles Economy: Redesigning fashion’s future”
[3] Site Re-fashion : https://refashion.fr/citoyen/fr/je-suis-refashion